Appel à contributions – Colloque international : Documenter les lieux de la violence : Représentations, écritures, images et imagination

2025-12-12T00:00:00+01:00
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Appel à contributions

Colloque international : Documenter les lieux de la violence : Représentations, écritures, images et imagination

Casablanca (Maroc), 25-26-27 juin 2026

Date limite d’envois de communication : 15 juin 2026

| Programme |

Ce colloque organisé par le Réseau de recherche sur les lieux d’enfermement au Maroc, le patrimoine et les mémoires (2R-LEMPAM), s’adresse aux chercheurs, aux artistes et aux acteurs sociaux travaillant sur les passés violents récents au Maroc.

Tout travail sur les violences pose des défis éthiques, théoriques, épistémologiques et méthodologiques, aux chercheurs en sciences humaines et sociales. Ce colloque organisé par le Réseau de Recherche sur les Lieux d’Enfermement au Maroc, le Patrimoine et les Mémoires (2R-LEMPAM) s’adresse à la communauté des chercheurs, aux artistes et aux acteurs sociaux travaillant sur les passés violents récents au Maroc.

Cet événement accueille également des analyses comparatives avec d’autres terrains, d’autres objets et temporalités. 

Au Maroc, la période des années de plomb (1956-1999) est caractérisée par l’intensité de la répression par le pouvoir contre toute forme de contestation et à la mise en place de lieux de violence multiformes, à la fois officiels (prisons, commissariats, hôpitaux psychiatriques, asiles…) et non officiels (espaces domestiques privés, anciennes fermes coloniales, centres secrets de détention, cafés, etc.), souvent impossible de documenter par des observations in situ. De même, il est difficile d’accéder à des sources orales de témoins (certaines furent occultées) tout comme des sources écrites produites durant les années de plomb. Certaines ont été détruites volontairement par les victimes des violations pour ne pas être identifiées ou causer du mal à un tiers. D’autres ont été subtilisées par les auteurs de violations ou sont consignées et archivées, sans que le chercheur n’en ait accès à ce jour. La documentation sur la violence politique se pose aussi avec le consentement des victimes/familles, les risques pour les chercheurs et les témoins, la traumatisation ou re-traumatisation, tout comme la propriété des récits, des images et des différents types de mémoire. Aussi, avoir accès à l’inarchivable violence, nécessite de s’appuyer sur d’autres matériaux et fragments, comme des traces ; des signes de violence sur des corps vivants ou morts ; des traces matérielles d’anciens lieux de violence existants ou démolis ; de partir de savoirs situés ; ou encore de mobiliser des formes artistiques de documentation.

Le colloque, en soulevant la sensibilité du sujet de la violence politique et les multiples formes d’inaccessibilité du terrain, veut poser des questions d’ordre méthodologique. Comment documenter cette violence, ses lieux et ses mémoires ? Comment approcher le manque de sources et de documents, ainsi que les fermetures (dans le plus large sens du terme) auxquelles les chercheurs font face ? Comment imaginer des approches à l’interstice des sciences et des arts pour contourner les multiples formes d’inaccessibilité ? Comment rendre compte de l’évanescence de l’indicible et de la violence, de ses acteurs et de ses lieux ? Comment l’art se saisit de la violence et de ses lieux ?

Dans un premier temps, il s’agira d’interroger la matérialité des espaces de violence dans leur diversité et de poser la question de leur conservation et patrimonialisation. Outre l’inaccessibilité, le devenir de ces lieux, connus et inconnus, constitue un problème majeur, surtout que, durant les années de plomb, la géographie de ces lieux était vaste. Les lieux de la violence habitaient l’urbain et le rural, le désert et la montagne. En plus des lieux permanents, ou des points fixes, tout lieu était susceptible de devenir une « scène » de détention et de torture : une ferme, une maison, un sous-sol d’une villa, tout comme les commissariats, les locaux de la gendarmerie royale et des casernes militaires.

Dans un second temps, nous poserons la question des archives qui documentent les atrocités exercées dans ces lieux. Des archives qui demeurent inaccessibles, non seulement au chercheur, mais aussi, dans certains cas, aux institutions ayant investigué sur ces violations. L’Instance équité et réconciliation (IER), par exemple, n’a pas eu accès à tous les lieux et à toutes les archives – notamment celles de la police et de l’armée. Comment, par-delà ce manque, constituer une archive qui dit ces lieux et les cartographie. Autrement dit, peut-on transformer ces lieux inaccessibles, ou en voie de disparition, en une histoire, un dessin ou une maquette, qui conservent (immortalisent, perpétuent) ces lieux quand ils seront effacés physiquement ou symboliquement -notamment par une muséographie qui ne dit plus ces lieux. Comment se pose, de manière spécifique et pour chaque cas d’étude, la question méthodologique et théorique de cette archive-autre qui, en plus des méthodes classiques des sciences sociales (témoignage, archive, observation), fait appel à l’image et à l’imagination ? De même, les retours d’expériences de démarches co-construites par des militants, des chercheurs et des artistes permettront d’enrichir la réflexion sur les enjeux de documentation, de création, de conservation et de diffusion des connaissances.

Les contributions sont invitées à s’inscrire dans l’un des axes thématique suivants :

1- Défis éthiques, théoriques, épistémologiques et méthodologiques de l’enquête
2- Mise en récit : faire l’histoire des lieux de violence.
3- Images, imaginations et sensorialités : les méthodes créatives dans la recherche
4- Participation et actions : les ouvertures possibles ?
5- Communication, mise en réseau et virtualité.

Organisation

Le colloque est organisé par le Réseau de Recherche sur les Lieux d’Enfermement au Maroc, le Patrimoine et les Mémoires (2R-LEMPAM). Porté par le Centre Jacques Berque (USR 3136) à Rabat, avec le soutien financier et logistique de la MSH Paris Nord, le projet est constitué d’une équipe pluridisciplinaire et internationale : https://2rlempam.hypotheses.org/

Modalités de soumission

1- Les propositions de communication doivent être envoyées avant le 15 janvier 2026 à l’adresse suivante : 2rlempam@gmail.com

Chaque proposition, soumise sous format Word, comportera :

– Un titre.
– Un résumé de 800 mots maximum.
– Cinq mots-clés.
– Une courte biographie (150 mots maximum) en indiquant le statut, éventuellement le rattachement institutionnel, ainsi qu’une adresse mail.
Les propositions seront évaluées en double aveugle. La notification d’acceptation des propositions est fin janvier 2026.

2- Nous prévoyons la publication d’une sélection de contributions, dans un ouvrage collectif à comité de lecture, publié aux éditions électroniques du Centre Jacques Berque (CJB) dans sa collection en ligne sur OpenEdition Books (sous réserve du conseil scientifique et éditorial du CJB).
La longueur des articles sera 35 000 caractères espaces compris (bibliographie incluse).

La réception des textes définitifs est le 15 juin 2026.

Informations pratiques

Les langues de travail du colloque sont le français et l’anglais. Le colloque se tiendra en présentiel et en distanciel.

Les frais d’inscription et de participation sont gratuits. Toutefois, les frais liés au voyage, de repas et l’hébergement seront pris en charge par chaque participant.

Lieu 

Casablanca et/ou Rabat

Responsables scientifiques du colloque

HABANE Anissa, Géographe, Docteure en aménagement et urbanisme, Chercheure associée au Centre Jacques Berque (Rabat, Maroc, UAR3136).

NAHHASS Badiha, Docteure en sociologie, Maîtresse de conférences habilitée à l’Université Mohammed V de Rabat.

RHANI Zakaria, Docteur en biologie et en anthropologie, Enseignant-chercheur à l’Université Mohammed V de Rabat et Chercheur associé au Centre Jacques Berque (Rabat, Maroc, UAR3136).

Comité scientifique

COHEN Anouk, Chargée de recherche en anthropologie, Directrice du Centre Jacques Berque (Rabat, Maroc, UAR3136).

EL GUABLI Brahim, Associate Professor of Arabic Studies, Williams College, USA.

GUESSOUS Nadia, Associate Professor of Feminist and Gender Studies, Colorado College, USA.

HACHAD Naïma, Associate Professor, World Languages and Cultures, American University – Washington DC, USA.

LOUDIY Fadoua, Associate Professor in Philosophy of Communication & Rhetorical Studies, Slippery Rock University of Pennsylvania, USA.

SLYOMOVICS Susan, Distinguished Professor of Anthropology, University of California Los Angeles (UCLA), USA.

Comité d’organisation

CHERQAOUI Walid, Doctorant en sciences politiques, Institut d’histoire du temps présent (CNRS/Paris 8), France.

ES SLAMI Houria, Doctorante, Université Ibn Tofaïl, Kenitra, Maroc.

HABANE Anissa, Géographe, Docteure en aménagement et urbanisme, Chercheure associée au Centre Jacques Berque (Rabat, Maroc, UAR3136).

NAHHASS Badiha, Docteure en sociologie, Maîtresse de conférences habilitée à l’Université Mohammed V de Rabat.

RHANI Zakaria, Docteur en biologie et en anthropologie, Enseignant-chercheur à l’Université Mohammed V de Rabat et Chercheur associé au Centre Jacques Berque (Rabat, Maroc, UAR3136).

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