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Titre de l’intervention : La calligraphie sahraouie dans les manuscrits Chengitiens (Mauritaniennes) : Histoire et styles
“الخط الصحراوي في المخطوطات الشنقيطية: تاريخه وأنماطه

Intervenant : Mohameden ahmed salem

Biographie : Mohameden Ahmed Salem, Chercheur et calligraphe

Date et heure : Mardi 28 mai  2024 à 16h

Cette rencontre sera discutée par : Ismail Warscheid ,
Chercheur au CNRS et membre de l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT) à Paris

Le séminaire aura lieu à l’Institut Royal pour la Recherche sur l’Histoire du Maroc, Rabat.

Cette session se tiendra :
– En présentiel sur inscription par mail : secretariat@cjb.ma

Argumentaire :
A la différence des recherches menées en Occident où, d’un point de vue méthodologique, une approche matérielle du livre – le livre en tant qu’objet –semble s’être imposée comme une évidence aux différentes littératures, dans le monde musulman, le livre appréhendé à partir de cet outil heuristique n’a donné lieu qu’à peu d’études, de surcroît pluridisciplinaires. Né de la nécessité de combler ce manque, le présent séminaire a l’ambition de former un espace de rencontre d’approches combinatoires dans l’étude du livre envisagé non pas comme un objet fini mais comme un processus de création, soit un ensemble de dispositifs complexes qui met en jeu une multiplicité de pratiques et d’acteurs.

Ainsi, l’accent est mis sur la fabrication du livre – depuis l’auteur ou le scribe jusqu’au lecteur ou simplement usager – la matérialité du support, les conditions de sa production et de transmission, enfin les pratiques auxquelles il donne lieu,plutôt qu’à son contenu objectivé auquel on s’intéresse le plus souvent. Nous nous intéresserons surtout à la manière dont le support lui-même, les procédés graphiques et ornementaux soutiennent la transmission du savoir, la mémoire de son lecteur et l’appropriation du savoir. La question de la réception est effectivement centrale : par quels procédés l’acte de lecture et de manipulation de l’objet livre donne au texte des significations plurielles ou diachroniques ? De quelles manières l’usager construit-il sont rapport au texte et au livre qui le renferme, se l’approprie-t-il et l’échange-t-il? Enfin, quelle relation dialectique existe-il entre l’écrit et l’oralité : quel usage oral du livre observe-t-on et quel discours est-il porté sur lui ?

Enfin, la question des circulations aussi bien des livres que des techniques et des matériaux de production au sein d’un espace d’érudition connecté du Maroc à l’Afrique de l’Ouest, est au coeur de ce séminaire. Comment l’échange de livres s’intègre-t-il dans le système de la transmission du savoir ? Quel rôle a -t-il joué au sein d’institutions telles que le compagnonnage entre maitre et disciple (suhba) ou le voyage d’études (rihla) ? Il faudra également se pencher sur les aspects matériels et économiques de ces dynamiques d’échange. Quel a été l’impact des contraintes du milieu désertique, comme la rareté du papier, les déplacements continus des groupes nomades qui affectent les possibilités de stockage de livres ? Que peut-on dire des modalités contractuelles des transactions ayant pour objet les manuscrits ? La question concerne non seulement les formes d’acquisition, mais aussi celle de la conservation mobilisant des dispositifs comme le waqf/ḥubus. L’exploration de telles pistes devrait ouvrir sur une histoire culturelle de la circulation du livre manuscrit et imprimé qui s’affranchit du prisme unique du commerce caravanier dès lors qu’il s’agit d’étudier les dynamiques trans régionales.

La question des acteurs enfin est primordiale. La figure du copiste-calligraphe retient particulièrement notre attention ainsi que tous ceux impliqués, de près ou de loin, dans la fabrication, la conservation, la circulation et le commerce des livres manuscrits et imprimés. Dans cette perspective, on s’intéresse aux institutions et, particulièrement, à la bibliothèque.
Ainsi, ce séminaire inscrit dans le champ de l’histoire et de l’anthropologie des pratiques intellectuelles et des traditions de savoir vise à écrire une histoire du livre manuscrit et imprimé en tant qu’objet social dont les formes et les manières d’appropriation ont été plurielles. Pour mener à bien cette étude, la démarche empirique prenant appui sur les études de cas principalement ancrées au Maroc, au Mauritanie et en Afrique de l’Ouest est privilégiée. Le séminaire s’attache donc à des aspects bien précis de la production du livre, de son utilisation et de sa circulation en en étudiant les supports, les matériaux, enfin,la valeur graphique, esthétique et sensorielle. Il considère le livre comme un fait social à décrypter.

Coordination scientifique : Anouk Cohen, Hiba Abid, Mohamed Sghir-Janjar, Bachir Tamer, Ismail Warscheid